Les Funérailles
- Jean-Sébastien Ouellet
- 10 sept. 2014
- 3 min de lecture

Journal d'un coeur illuminé.
Les funérailles
C’était un moment délicat, il faisait froid dehors, il semble que c’était l’automne. J’étais à fleur de peau. Les émotions emportaient tout ce que j’avais en moi. Assis devant l’urne, les souvenirs de son être vivant physiquement remontaient toujours à ma conscience. Mon dialogue intérieur incessant me ramenait à mes lacunes, à ce que je n’avais jamais dit. Après l’annonce de son départ, j’étais resté coincé avec un message, j’avais encore tant de choses à lui dire. Je voulais obtenir son pardon, lui dire merci. Je regrettais toutes les années où j’ai fugué les gens que j’aime. Mon mal être de terrien me poussait à fuir, toujours de plus en plus loin. Je n’avais pas conscience des autres, j’étais trop mal. Je sais qu’elle avait tenté de me retrouver, de me rejoindre, elle s’était rendue jusqu’en France, dans le nord où je jouais le travesti dans des cabarets de ville et de banlieue. Je n’y étais plus, j’avais emballé mes affaires, j’étais parti au sud. Je sais que je ressentais de la culpabilité, je l’aimais sincèrement. Il était trop tard, elle n’était plus. Pardonne moi, encore…
Après la cérémonie et les chants glorieux offerts aux défunts, les convives étaient invités à un petit goûter. J’étais en compagnie de mon oncle, de ma soeur et de ses enfants. Je pleurais beaucoup, j’avais du mal à respirer. J’étais habité par son souvenir et tout l’amour qu’elle m’avait partagé enfant. Je libérais une peine qui semblait sans fin.
Sortant de la pièce de la cérémonie pour se rendre à la petite cafétéria centrale du salon funéraire, une dame bien portante, brune avec un petit air espagnol, me regarda intensément. "Il s’agit de ta mère", me dit elle. "Tu as perdu ta maman, Elle est là, avec toi, vient dans mes bras beau garçon. Elle est là, ta maman, ici, elle t’aime". Je me suis senti aussitôt propulsé dans les bras de cette femme. J’y suis resté quelques minutes. Sont réconfort m’était bon et je sentais sa compassion sincère. "Écoute moi bien, ta maman me dit que tu ne dois pas t’en faire, il ne sert à rien d’avoir autant d’inquiétude, tu as des dons, il y a quelques chose qui se passe, dans tes mains. Tu travaille déjà avec tes mains, tu fais du maquillage? Bientôt, tu vivras de nouvelles expériences. C’est dans tes mains, il y a quelque chose qui se passe dans tes mains. Fais moi confiance et repars d’ici avec assurance, ta maman est avec toi". Ma soeur biologique , Karine et mon oncle Pierre se souviennent encore de cette scène, ils étaient eux aussi présents. Ils m’en reparlent parfois. Cette dame était bien gentille et visiblement très bien connectée, elle a gardé un contact visuel et auditif avec moi jusqu’à la sortie de la voiture dans le stationnement. Inutile de vous dire que pour moi, à ce moment, et aussi pour les membres de ma famille nous avions trouvé cette femme bien mystérieuse. Sans le savoir, enfin pour moi, elle fut la première personne sur ma route à me mettre en contact avec l’idée de nouvelles possibilités, peut-être ai- je en moi un ou même plusieurs dons. Elle venait d’ouvrir une nouvelle porte. Je suis reparti des funérailles de Micheline dans un état de paix et j’ai repris le chemin de ma vie avec la sensation que j’avais reçu un message, un secret qui m’était adressé. Cette expérience spontanée et mystique fut la première partie d’une série d’événements qui par la suite me confirmera cette voie qui s’ouvrait devant moi.
Jean-Sébastien Ouellet
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